Sommet européen : FRANÇOIS HOLLANDE AU BOUT DE SON ROULEAU ! par François Leclerc

Billet invité

Le sommet européen de demain a un ordre du jour déroutant, alors que la première estimation de l’inflation du mois d’août en zone euro vient de tomber : 0,3 % en valeur annualisée, soit 1 % de moins qu’il y a un an. La zone euro s’approche dangereusement d’une situation de déflation caractérisée – dont l’Italie prend le chemin en annonçant pour août une inflation négative de -0,1 % – mais les chefs d’État et de gouvernement devraient officiellement débattre d’un sujet beaucoup plus important : les nominations des commissaires de la future Commission de Bruxelles, du chef de la diplomatie et du président du Conseil européen.

Ceux qui parmi les dirigeants sont dans le besoin cherchent ainsi à élargir leurs marges de manœuvre en déployant une stratégie d’influence en plaçant leurs candidats. Pensant avoir donné des gages avec la nomination de son nouveau gouvernement, François Hollande a annoncé vouloir plaider « la pleine utilisation des flexibilités dans le rythme de réduction des déficits, dans le respect des règles européennes ». Il s’agirait selon lui d’éviter « une longue et peut-être interminable stagnation » en adoptant « une nouvelle initiative de croissance », portée par la BCE et soutenue par le ronflant plan d’investissement annoncé par Jean-Claude Juncker. Tout cela est au mieux du bricolage sans portée significative et au pire du vent, justifiant que François Hollande y ajoute un troisième volet, une mystérieuse « adaptation du cadre budgétaire européen ». Claude Bartolone, le président de l’Assemblée nationale, a été plus direct en déclarant qu’il « n’écartait pas une renégociation des traités ».

La prestation de Wolfgang Schäuble à l’université du Medef a illustré la vacuité de la politique présidentielle. « Il faut impérativement produire des réformes structurelles visant le marché du travail », a-t-il déclaré, mettant les points sur les « i » en ajoutant qu’il fallait des « réformes ambitieuses qui ne soient pas seulement des annonces, mais qui soient aussi mises en œuvre ». Bien que présent dans toutes les têtes à Bruxelles, l’essai de Mario Draghi n’y sera pas transformé. Même en donnant des gages côté réformes du marché du travail, il ne sera pas concédé un assouplissement des règles de réduction du déficit et une flexibilité accrue pour le calculer. La stratégie qui repose sur une évolution en souplesse de la politique européenne ne fonctionne pas : la baisse du coût du travail d’abord, pour le reste on verra ensuite ! François Hollande arrive au bout de son rouleau et ne peut espérer que dans la mansuétude de ses pairs pour éviter que la Commission prenne des sanctions contre la France. C’est la suite logique de sa décision de signer le traité fiscal au début de son mandat et la fin de ses tentatives de biaiser.